Sur la présence historique de la langue bretonne à Nantes.

L’appartenance de Nantes et du pays nantais à la Bretagne ne fait aucun doute ni pour les patriotes bretons, ni pour les historiens (Naoned e Breizh ? – Nantes en Bretagne ? L’histoire répond. – Barr-Avel), ni même pour l’écrasante majorité de la population pourtant profondément débretonnisée. 

Si l’appartenance de Nantes à la Bretagne ne fait aucun doute, la question de la présence de la langue bretonne à Nantes est encore aujourd’hui un sujet méconnu. Pourtant, on sait que des tribus bretonnes s’installèrent sur les bords de la Loire dès le Ve siècle après Jésus-Christ (1). On sait aussi désormais que la partie occidentale du Pays Nantais compte un nombre considérable de noms bretons (2). Plus tard, au Moyen Âge, on trouvait des brittophones à la cour du duc à Nantes. 

Nantes Bretagne
Le château des ducs à Nantes a vu passer quelques brittophones

Mais il faut attendre la fin XVIIe siècle pour voir une installation plus importante de brittophones dans la ville de Nantes. En effet, l’industrie textile connaît une crise importante dans le Léon dans le deuxième tiers du XVIIe siècle, qui pousse des milliers de personnes sur les routes de Bretagne, et en portent certains jusque dans la capitale nantaise (3).

Cette immigration de Bas-Bretons à Nantes va se poursuivre et s’intensifier aux XVIIIe et XIXe siècle. Ces nouveaux arrivants viennent peupler les quartiers les plus pauvres de la ville et occupent des emplois précaires. À la fin du XIXe siècle, on compte à Nantes plus de 26.000 Bretons nés en dehors du pays Nantais, dont beaucoup viennent des zones brittophones de l’Ouest breton (4). Les populations brittophones de Nantes se trouvent généralement en bas de la société et sont victimes de préjugés. Les “Bretons” sont perçus comme des gens sales, immoraux et superstitieux par la population nantaise autochtone citadine. (4)

Les Bretons occupent alors principalement le quartier Chantenay, dans l’Ouest de Nantes, qui était alors le quartier des chantiers navals et des docks. Les brittophones de Nantes se groupent également autour de l’église Sainte-Anne, officiellement inaugurée en 1947 et dédiée à la sainte patronne des Bretons (5). Peu à peu, les populations brittophones de Nantes finissent par s’intégrer et s’assimiler à la population locale et la langue bretonne disparaît des familles. Ceux qu’on appelait “les Bretons” finissent par devenir des Nantais comme les autres.

Sainte-Anne Nantes
L’église Sainte-Anne à Nantes

On peut toujours trouver aujourd’hui trois traces visibles de l’implantation ancienne de la langue bretonne à Nantes. La première inscription -la plus ancienne- se situe sur le palais Dobrée, édifié au XIXe siècle  : “ann dianaf a rog ac’hanoun”, “l’inconnu me dévore”.

Nantes Breton
L’inscription bretonne sur le palais Dobrée

La seconde se trouve rue du Pré-Nian et fut apposée en 1937 par des militants bretons à l’occasion des milles ans de la libération de Nantes par Alain Barbetorte : “Alan Barvek. Da dad ar vro. Breiz ha Naoned Adsavet”, “Alain Barbetorte. Au père de la patrie. La Bretagne et Nantes relevées.”.

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La plaque en l’honneur d’Alain Barbetorte dans une rue nantaise

La troisième, apposée dans les années 1970, se situe place du Bouffay et concerne les insurgés bretons de la conspiration de Pontcallec au XVIIIe siècle: “Breiz da virviken !”, “Bretagne à tout jamais !” et “Dalc’homp soñj”, “Souvenons-nous”. 

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La plaque en l’honneur du marquis de Pontcallec et de ses camarades sur la place du Bouffay

On le voit, la langue bretonne est bien implantée à Nantes depuis plusieurs siècles. La promotion récente du bilinguisme n’a donc rien d’artificielle comme le prétendent les ennemis de la nation bretonne. E Naoned, e brezhoneg, evit Breizh !

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Neven ar Ruz

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Portail pédagogique : breton – breton (ac-nantes.fr)

  1. L’héritage breton dans le Sud de la Loire. – Barr-Avel
  2. « On a parlé breton dans le Pays nantais » (ouest-france.fr)
  3. Patrimonia : Bretons (nantes.fr)
  4. Peut-on émigrer chez soi ? Le peuplement breton de Nantes aux XIXe et XXe siècles – Persée (persee.fr)
  5. Quartier Sainte-Anne – Notice Patrimoine PDL (paysdelaloire.fr)

2 réflexions sur “Sur la présence historique de la langue bretonne à Nantes.

  1. Merci pour ce rappel historique qui renforce les convictions de ceux qui comme moi, « sot Breton », avons essuyé dans notre jeunesse les remarques désobligeantes de certains de nos compatriotes de Basse-Bretagne qui se voulaient les seuls authentiques Bretons. Oubliant que si la langue bretonne est un marqueur identitaire indéniable, l’appartenance au socle biologique brittonique reste la clé de voute de notre existence nationale.

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