Naoned e Breizh ? – Nantes en Bretagne ? L’histoire répond.

Pays nantais, pays celtique (IIIe siècle avant J-C. ; 845)

Les premières traces d’habitations dans la région nantaise remontent à plusieurs milliers d’années avant notre ère ; on trouve notamment des ateliers témoignant d’activités artisanales dans la région il y a plus de 2700 ans. La région nantaise devint ensuite le lieu de résidence de la tribu gauloise des Namnètes, la langue celtique est alors la seule pratiquée dans la région. En 56 avant J-C., César envoie ses légions en Armorique pour mater les populations locales. Les Namnètes s’allient alors avec leurs voisins Vénètes (de l’actuel Morbihan) mais sont finalement vaincus par les envahisseurs romains. La ville se dote d’une muraille aux IIIe et IVe siècle et se christianise peu à peu, notamment après le martyr de Saint-Donatien et de son frère Saint-Rogatien. Le culte de ces deux martyrs se répand alors dans toute la région, du val de la Loire à la Bretagne.

C’est alors que les Bretons commencent à émigrer de la Grande-Bretagne vers l’Armorique. Les populations gauloises armoricaines et bretonnes partagent alors la même culture celtique et une langue relativement proche. Les Bretons prennent une place de plus en plus importante dans la société armoricaine et re-celtisent les gaulois armoricains, latinisés depuis quelques siècles, en leur donnant leur langue : le breton. La région nantaise se trouve alors à la frontière entre le monde breton et le royaume franc nouvellement constitué. Nantes intègre ce nouveau royaume et Charlemagne en fait la capitale de la marche de Bretagne , région frontière et militaire par laquelle les Francs contiennent l’expansion des nouveaux arrivants. Le breton est alors parlé aux portes de Nantes.

La pratique linguistique du breton en Bretagne à travers les âges.
En 900, le breton est parlé aux portes de Nantes et de Rennes

Pays nantais, pays breton (845 ; 1532)

Nominoë, un prince breton, profite des divisions du royaume franc pour lancer une immense campagne militaire contre les Francs. Il parvient à rallier les autres princes bretons et même Lambert II, comte de Nantes. Il bat les Francs à Ballon en 845 et le souverain Franc est contraint de reconnaître l’autorité de Nominoë sur la Bretagne, qui devient alors le premier roi de la Bretagne unifiée, le père de la patrie (Tad ar Vro). En 851, une nouvelle bataille de Nominoë contre les Francs lui permet d’intégrer Nantes et la région des marches de Bretagne à son royaume.

Nantes est alors en proie à de nombreux troubles, notamment avec les invasions des Vikings qui déferlent alors sur le continent. La Bretagne est ravagée et la ville tombe aux mains des Scandinaves en 919. Mais en 937 Alain Barbetorte (Alan Barvek) libère Nantes et la Bretagne des envahisseurs, il fonde le Duché de Bretagne. La Bretagne est plus tard confrontée à des divisions et à des luttes d’influences. La ville est alors un des enjeux de la lutte entre la Bretagne et la France qui s’affrontent dans une terrible guerre de succession entre le parti breton des Montfort et le parti français des Blois. C’est finalement le camp des Montfort qui l’emporte et qui fait de Nantes la capitale du duché de Bretagne au temps de sa plus grande prospérité (XVe siècle).

Plaque commémorative en l’honneur d’Alain Barbetorte, libérateur de la Bretagne, à Pornic (44)

En 1488, les troupes du Roi de France battent François II, duc de Bretagne, à Saint-Aubin-du-Cormier. Les Français imposent alors aux souverains bretons le contrôle de leurs mariages. Ainsi, Anne de Bretagne est contrainte de se marier avec le Roi de France, qui profite de la situation pour unir la Bretagne et la France en 1532. Comme un symbole pour confirmer sa vocation de capitale de la Bretagne, François II se fait enterrer à Nantes et sa fille Anne de Bretagne lui offre son cœur.

Pays nantais, pays occupé (1532 ; 2019)

Si la Bretagne conserve dans un premier temps son autonomie dans le royaume de France, elle est toutefois sous domination et ne peut plus s’administrer librement. C’est sous l’impulsion de la France que Rennes supplante Nantes dans le rôle de capitale de la Bretagne, avec notamment la mise en activité du parlement de Bretagne à Rennes en 1560. Au XVIIe siècle, les Nantais participent aux côtés des autres bretons à la Révolte du papier timbré en 1675. Nantes reste toutefois une ville prospère, notamment grâce au commerce triangulaire qui fleurit au XVIIIe siècle.

À l’aube du XVIIIe siècle le marquis de Pontcallec, noble breton, prépare dans l’ombre la libération de son pays la Bretagne. Il parvient à obtenir le soutien de l’Espagne, en proie à des guerres avec la France. Pontcallec parvient à rassembler autour de lui de très nombreux nobles bretons et bénéficie aussi du soutien de la population bretonne qui refuse l’autoritarisme du Roi de France en matière fiscale. Le marquis de Pontcallec est finalement arrêté et décapité à Nantes par les autorités françaises en 1720. Il reste aujourd’hui encore un symbole de la lutte du peuple breton pour sa libération.

En 1789 les révolutionnaires prennent le pouvoir à Paris, le 4 août, en abolissant les privilèges, ils privent la Bretagne de son parlement et donc de son autonomie politique. L’ancienne province est alors divisé en cinq départements sans aucun respect pour les anciennes divisions administratives bretonnes : Finistère, Morbihan, Côtes-du-Nord, Ille-et-Vilaine et Loire-Inférieure. S’en suit alors une grande révolte en Bretagne pour la restauration du Roi et l’autonomie du pays, c’est la Chouannerie, qui va secouer la région pendant plusieurs années. Nantes devient alors le chef-lieu du département de la Loire-Inférieure.

Au XIXe siècle, Nantes s’industrialise et se développe considérablement grâce à son port mais aussi avec la production agricole de son arrière pays ; la ville se distingue notamment dans l’industrie alimentaire (LU, Saupiquet, Beghin Say). L’appartenance de Nantes à une communauté bretonne au dessus des divisions départementales ne fait aucun doute dans la population. C’est en 1941 que pour la première fois la Loire-Inférieure se trouve détachée des régions nouvellement créées par Vichy. L’État républicain français, une fois restauré, confirme l’arrachement de Nantes qui devient alors la capitale des « Pays de la Loire », région fourre-tout dans laquelle se trouve agrégée l’Anjou, le Maine, la partie Nord du Poitou et le sud-est de la Bretagne.

Pays nantais, pays libéré ? (20??)

Au vu de l’histoire, l’appartenance de Nantes à une communauté bretonne ne fait aucun doute. Au vu de l’opinion publique bretonne, cette appartenance ne fait aucun doute non plus pourrait-on rajouter. En 2019, l’organisation DIBAB a commandé un sondage pour questionner la population bretonne sur son sentiment quant à l’appartenance de Nantes et de la Loire-Atlantique à la Bretagne. Plus de la moitié des sondés déclarent être favorable au rattachement de Nantes à la Bretagne, et un bon quart n’a pas d’opinion sur la question, ce qui laisse un quart de sondés hostiles.

À l’heure de la dépolitisation massive, de la société du divertissement et de la mondialisation, la question du rattachement de Nantes à la Bretagne recueille encore l’adhésion de la population, preuve -s’il en fallait encore une- que Nantes et son département doivent être rattachés à la Bretagne.

Map-Bro-Naoned
La Bretagne et ses 9 pays.

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