Breiz Atao ! Trente ans de luttes pour la patrie bretonne.

1918. La guerre vient de se terminer. La Bretagne a payé le prix fort : on parle de 240.000 morts bretons. Les militants bretons d’avant-guerre eux-mêmes n’ont pas hésité à s’engager, espérant que la France entendrait ainsi leurs justes revendications. Il n’en est rien.

À Rennes, un petit groupe de jeunes patriotes bretons (Job de Roincé, Henri Prado et Morvan Marchal) lancent le Groupe régionaliste breton. Ils entendent ainsi rassembler des jeunes bretons désireux de travailler au « relèvement de la patrie bretonne”, sans pour autant aller jusqu’au séparatisme.

Dès Janvier 1919, ce petit groupe lance un petit journal, Breiz Atao (Bretagne toujours), qui marquera a tout jamais l’histoire de Bretagne. Avec cette publication, les jeunes militants régionalistes veulent “répandre parmi (leurs) camarades (…) l’amour de la Patrie Bretonne, et le désir du régionalisme”.

Breiz Atao
Breiz Atao numéro 1, un nom qui deviendra légendaire.

À ses débuts, le journal porte donc une ligne régionaliste plutôt molle, mais dès l’été 1919, le ton commence à évoluer. Marchal dit vouloir rompre avec “la pâle figure régionaliste” pour glisser vers un fédéralisme plus assumé. En 1920, le GRB devient l’Unvaniez Yaouankiz Vreiz, Union de la jeunesse bretonne.

Dès le début de l’année 1921, l’évolution est nette. Breiz Atao se réclame désormais du nationalisme breton, “La Bretagne est une Patrie, une Grande Patrie, à elle toute seule”, et parle de la domination française comme d’une “domination étrangère, domination malfaisante.”

Breiz Atao nationalisme breton
Breiz Atao glisse rapidement vers le nationalisme breton, et inévitablement vers l’indépendantisme.

La rupture est consommée. Breiz Atao intègre alors à son corpus idéologique le panceltisme, et ajoute à sa revue le supplément “Panceltia” en 1923. Aussi, les rédacteurs du journal s’intéressent à la cause de toutes les nations sans Etat, en particulier l’Alsace et la Flandre.

En 1925, Breiz Atao se dote d’un nouveau supplément, Gwalarn, revue littéraire intégralement rédigée en langue bretonne. Rapidement, Gwalarn deviendra une revue indépendante qui constituera une véritable révolution dans la littérature bretonne. 

Gwalarn, une revue qui révolutionnera la langue bretonne.

En 1927, le journal devient l’organe officiel du Parti Autonomiste Breton tout juste lancé. Le journal augmente ses tirages et gagne en notoriété. Certains numéros spéciaux sont tirés à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires, distribués gratuitement.

Breiz Atao adopte une ligne de plus en plus clairement indépendantiste.

L’équipe du journal se trouve alors en proie à des tensions internes, à cause de la co-existence de deux lignes : une ligne nationaliste plutôt droitière, incarnée par François Debeauvais, et une ligne fédéraliste plutôt à gauche, incarnée par Marchal.

En 1931, le Parti Autonomiste Breton disparaît sous le poids des tensions internes, et Breiz Atao devient l’organe du Parti National Breton, un nouveau mouvement relancé par l’aile nationaliste du PAB.

Breiz Atao, organe du Parti National Breton

La ligne du journal est alors celle de toujours : nationalisme breton et défense des minorités nationales. Face à la montée du nazisme, les nationalistes se divisent : certains sont ouvertement “pro” (Olier Mordrel, Debeauvais) et d’autres plus modérés (Raymond Delaporte).

En 1937, le Parti et son journal prennent des positions de plus en plus proches du fascisme. Breiz Atao soutiendra même l’Anschluss et la politique expansionniste d’Hitler. Le journal cesse de paraître en août 1939 avec le déclenchement de la guerre.

Le Parti national breton reprend très rapidement ses activités après la défaite française, mais sans pour autant relancer Breiz Atao. C’est alors une nouvelle publication, l’Heure Bretonne, qui fait office de journal pour le parti.

Heure Bretonne
L’Heure Bretonne portera la parole du nationalisme breton pendant l’Occupation allemande.

Un seul numéro de Breiz Atao reparaît en 1944, sous la direction de Célestin Lainé, après la disparition de François Debeauvais, numéro consacré à la mort de Debeauvais, et qui contient en introduction un célèbre article de la main de Debeauvais : “Camarades de la Formation Perrot, je vous salue !”

Breiz Atao Debeauvais
Breiz Atao 1944, en hommage à Fransez Debauvais.

Célestin Lainé, réfugié en Irlande, publiera deux autres numéros après la guerre, en 1947 et 1949, dans lesquels il dresse un bilan de la guerre pour le mouvement breton. La conclusion de Célestin Lainé clôture parfaitement cet article :

“Jeunes Bretons à qui votre situation n’a pas permis de vous joindre à l’acte de foi de vos aînés, écoutez les voix qui montent du fond des bagnes français, de la misère des exilés (…) les voix de ceux qui jamais n’abandonnèrent le combat et qui crient toujours « Breiz Atao » !” (1).

.

Hervé er Maneour

.

(1) à retrouver ici : https://barr-avel.blog/2021/03/17/bilan-de-guerre/

Une réflexion sur “Breiz Atao ! Trente ans de luttes pour la patrie bretonne.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s