Pour quiconque se préoccupe du relèvement de notre Patrie Bretonne se présente bien vite un obstacle profond à sa juste compréhension de la question, et à l’établissement d’un système de propagande bien nettement défini ; je veux causer de l’existence en Bretagne d’une partie de langue française, de la Haute Bretagne.

Et pour que l’on voyage un tant soit peu en pays haut Breton, la difficulté semble grandir et devenir insurmontable. Le vue pour un Bretonnant, de ces hommes en laid costume d’ouvrier moderne, de ces femmes aux coiffes ridiculement réduites, causant un patois qui lui semble un français écorché, enfin la platitude de la mentalité moyenne du pays, le lui rendent bientôt indifférent sinon hostile.
Quelques-uns vont même jusqu’à le considérer comme perdu, et à envisager sa séparation d’avec le pays Breton. On n’a pas craint de l’écrire ; on n’a pas craint non plus de couvrir d’anathèmes les Gallos, et de les déclarer étrangers à la Patrie Bretonne.
D’autre part, dans certains milieux anti-Bretons, surtout en France, on s’est fait une arme de l’existence de la Bretagne Gallaise pour nier l’existence de la nationalité Bretonne et considérer comme folies ses justes réclamations.
Aussi, devant ce passé d’incertitude et d’hésitations, je tiens, en tant que Breton Gallo, né sur la frontière, vivant dans le comté de Rennes depuis bientôt vingt ans, à présenter la question telle qu’elle est, avec ses difficultés, raisons de croire et raisons d’espérer. Là sera le sujet du présent article.

La Haute Bretagne, ou Bretagne Gallaise, comprend la totalité des anciens évêchés de Rennes, Dol et Nantes, l’évêché de Saint-Brieuc, moins le Goëllo, et une partie de l’évêché de Vannes. Dans cet immense pays, qui va de Légé à Dol et de Loudéac à Vitré, qui comprend plus de la moitié de la superficie de la Bretagne, on retrouve le même patois, les mêmes mœurs, les mêmes costumes – à part les coiffes des femmes et les châles de l’évêché de Saint-Brieuc, plus longs qu’ailleurs. Il y a là en somme une entité propre qui constitue le pays Gallo.
Doit-on, de gaîté de cœur, abandonner au point de vue breton tout ce territoire. Doit-on le rejeter de côté pour porter tous les efforts de rebretonnisation sur la Basse Bretagne et uniquement sur elle, doit-on même s’en séparer absolument et le considérer comme une province étrangère au titre du Maine et de l’Anjou ?
Au seul point de vue économique, c’est folie d’envisager un instant une telle solution. Serait elle viable, une Bretagne autonome sans le nœud fluvial et routier, sans la capitale intellectuelle au passé énorme qu’est Rennes, sans le port splendide qu’est Nantes, sans le débouché de la Basse Loire, sans le riche et fertile pays de Dol ? Que serait-ce ce tronçon – farouche il est vrai – rejeté au bout de la Péninsule, vassal de ses voisins pour les moindres produits ?
Au point de vue Breton ça serait un crime. Je me propose de le prouver, en établissant que la Haute Bretagne A FAIT ET FAIT ENCORE PARTIE INTEGRANTE DE LA NATION BRETONNE. Jetons en effet un regard sur le passé de ce pays. Quand les Bretons, vers le milieu du Ve siècle, commencèrent à émigrer de Grande-Bretagne en Armorique, ils se trouvèrent en face d’une population indigène de race Gauloise, donc celtique, mais de langue latine. Les immigrants se massèrent principalement dans l’Ouest de la péninsule, et absorbèrent bien vite les anciens occupants qui adoptèrent la langue et les mœurs des nouveaux venus. Au VIIe siècle, cette zone bretonne, était limitée suivant la Borderie, par une ligne partant de l’Embouchure du Couënon à Vannes, c’est-à-dire comprenait, les diocèses de Dol, Saint-Malo, et Saint-Brieuc, actuellement gallos, qui, à ce moment formaient avec celui de Tréguier la principauté de Domnonée.

En dehors du pays Breton restaient encore les diocèses de Rennes et Nantes, et le Vannes Gallo actuel. Or on sait que Nominoé, au IXe siècle, conquit définitivement ces pays à la Bretagne. Le résultat de cette conquête, fut un afflux de colons Bretons dans ces pays de langue latine, une avance de la limite de la langue, principalement dans les presqu’îles de Rhuys et de Guérande, qui se bretonnisèrent entièrement. Dans le reste du pays conquis, c’est-à-dire la presque totalité des évêchés de Rennes et Nantes, les colons Bretons furent trop peu nombreux pour imposer leur langue, quoique formant parfois des îlots importants, comme à La Guerche, à Laudéan, etc. Mais, de l’avis même de La Borderie, ils imposèrent aux indigènes leurs costumes et leurs mœurs.
On peut donc dire qu’au IXe siècle, les deux tiers du pays Gallo actuel étaient Bretons et de langue Bretonne, et, dans le reste du pays Gallo, si le dialecte roman avait subsisté, y avait eu une énorme colonisation Bretonne, avec de larges îlots de langue Bretonne qui semblent n’avoir été que lentement réduits. Donc, IL N’Y A PAS DE DIFFERENCE DE RACE ENTRE LE GALLO ET LE BRETON, tous deux étant composés du même mélange Celte Breton et de Celte Gaulois, fait aux Ve et VIe siècle pour la Basse Bretagne et les évêchés Briochin, Malouin et Dolois, au IXe siècle pour les évêchés Rennais et Nantais.

Et cela est si vrai qu’actuellement, et que depuis que s’est constituée la Bretagne Gallaise, il n’y a aucune différence entre les Gallos de Rennes ou de Nantes, qui furent toujours de langue latine, et les Gallos de Saint-Brieuc ou de Dol qui furent jadis – et longtemps, de langue Bretonne.
Or, de l’aveu de tous les historiens Bretons, les Gallos ont toujours eu, depuis le IXe siècle, LES MEMES MOEURS ET LES MEMES COSTUMES que les bas Bretons – jusqu’au siècle dernier, s’entend. Jusqu’à cette époque, les hauts Bretons portèrent la veste courte, les braies et les guêtres, et le large chapeau de leurs frères de basse Bretagne. Leur civilisation, leurs jeux, leurs fêtes étaient jusqu’à la veille de la guerre, d’une incontestable parenté avec la civilisation et les fêtes bretonnes. Longtemps, l’intérieur Gallo fut le même – à part le lis clos – que l’intérieur Breton. La maison est encore restée la même, et les compositions architecturales furent longtemps de même inspiration. Il y a eu une telle parenté entre l’esprit des deux pays que La Villemarqué nous cite une complainte gallaise – celle de Jean Renaud – qui, racontant le même fait que la complainte Bretonne « Aotrou Nann hag ar Gorrigan » et la traduction presque littérale de cette dernière. L’obscur chanteur Gallo, qui la composa, s’est rencontré presque en tous points avec le poète Breton.

IL N’EXISTE DONC QU’UNE DIFFERENCE DE LANGUE entre les Gallos et les Bretons. On sait comment elle s’établit. Les invasions normandes, avec les désastres qui les suivirent, réduisirent la zone Bretonnante à sa limite actuelle, donnant, du IXe au XIIe siècle la langue romane aux trois quarts de l’ancienne Domnonée. De cette époque date la formation du Pays Gallo. Ces populations de récente latinisation linguistique ne tardèrent pas à constituer avec les populations de langue romane de Rennes et Nantes un tout homogène, au patois français, aux costumes, mœurs, esprit Bretons, et doué au plus haut point du sentiment National.
En effet, dès l’époque où prend corps la Bretagne Gallaise, jusqu’au milieu du siècle dernier, elle sera le plus fidèle soutien du sentiment et de la fierté nationales Bretonnes.
Ce fait est surtout visible pendant qu’à l’époque qui va de la réunion à la suppression de l’Autonomie Bretonne, en 1790. On voit alors se développer et triompher en Haute Bretagne, un indéniable sentiment national, très ombrageux d’ailleurs. Les moindres attaques à la Constitution Bretonne, les moindres insultes à la Nationalité sont immédiatement suivis de soulèvements populaires, de manifestations, si même ce n’est de véritables révoltes dans les villes et la campagne Gallaises. Autour du Parlement et des Etats Bretons, et avec lui, vit le peuple Gallo tout entier. Et à chaque oppression nouvelle, il se soulève, que ce soit le duc de Chaulnes qui rase une rue à Rennes, que ce soit d’Aiguillon et ses « Ifs » hués par le peuple Rennais, que ce soit un Gallo – le grand La Chalotais – qui défende et fasse triompher la cause de la Nation Bretonne, le peuple gallo suit, et suit en entier. On se rend compte alors de l’existence dans toute cette Bretagne de langue française, d’un sentiment National Breton exclusif, farouche et réfléchi, que la Bretagne Bretonnante, moins directement en rapport avec les événements politiques de Rennes ou de Paris, manifeste plus tardivement et souvent avec moins de violence.

La Haute Bretagne a donc eu au plus haut point LE SENTIMENT NATIONAL BRETON, seul critère de la Nationalité. Ce seul fait suffirait à la faire considérer comme une partie de la Patrie Bretonne ; mais quand on y ajoute les constatations que je viens d’exposer, qu’elle est de même race, de même esprit, de même civilisation, et qu’elle ne diffère en principe que par la langue, il n’est plus permis de douter. LA HAUTE BRETAGNE, FRANCISEE PARTIELLEMENT A LA FAVEUR D’INVASIONS, MAIS RESTEE JUSQU’A CES DERNIERS TEMPS BRETONNE DE COEUR ET DE MOEURS, EST PARTIE INTEGRANTE ET INSEPARABLE DE LA NATION BRETONNE.
(…)
Maurice Marchal, le 16 août 1919, dans Breiz Atao.
moitié du 7ème siècle la dernière poche de résistance GAULOISE face à l’invasion franc se tourne vers le grand chef/roi JUDYKAEL pour unir les BRETONS et les derniers GAULOIS libres et vaincre l’ennemi commun . Deux peuples d’origines « commune » liés dans le respect de la différence, ainsi historiquement naquit notre beau et grand pays de bretagne . BREIZH VA BRO
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