Le royaume de France contre la Bretagne : 8 raisons de rejeter la monarchie française.

Le 8 mai dernier, comme le veut la tradition française, il y eut l’hommage à Jeanne d’Arc et certains manifestants ont arboré nos anciennes bannières blanches et noires de la période ducale. En réaction, voici une liste, non exhaustive, des agissements du royaume de France à l’encontre de notre pays. Un rappel non négligeable aux Bretons qui aiment encore naïvement le royaume de France.

À tous les Bretons, réfléchissez à ces quelques éléments :

1. Philippe VI de Valois (1293-1350) fait assassiner Olivier IV de Clisson (1300-1343):

Philippe VI avait appris par un de ses agents qu’Olivier IV de Clisson, pourtant grand seigneur du parti de Blois, était en fait un partisan de Montfort, le parti breton. Le roi de France profita de la venue d’Olivier IV de Clisson à des joutes à Paris pour l’assassiner en 1343.

Olivier de Clisson
L’exécution d’Olivier IV de Clisson

2. Charles V (1338-1380) confisque le duché au duc Jean IV (1339-1399) alors en exil en Angleterre en 1378 :

Jean IV de Montfort avait secrètement signé une alliance avec les Anglais, mais la venue des soldats anglais provoqua la désolidarisation des nobles bretons. Ils appelèrent donc le roi de France pour les sauver. Jean IV pris la fuite et s’exila en Angleterre. Mais cette francophilie s’est vite retournée contre le peuple breton, car si Jean IV était déchu, le titre de duc revenait alors à l’héritière de la famille rivale des Montfort, Jeanne de Penthièvre, protégée de Charles V, femme de Charles de Blois. Charles V déclara alors le duc coupable puis proclama le rattachement du duché, un territoire qui ne lui avait jamais appartenu.

Guerre de succession de Bretagne
Le duc Jean III (1312-1341) meurt sans héritier, la Guerre de Succession de Bretagne éclate (de 1341 à 1364). Elle opposa la famille des Montfort (parti pro-anglais) à celle des Blois (parti pro-français).

3. Charles VIII (1470-1498) et La Trémoille (1460-1525) massacrent l’armée bretonne Saint-Aubin-du-Cormier en 1488 :

Un des chefs de l’armée royale, Louis II de La Trémoille, déferla sur la Bretagne avec son armée de Français, de Suisses et de Napolitains. François II, endetté et sacrifiant tout pour son pays, avait tout de même réuni une armée commandée par Jean IV de Rieux et composée de Bretons, d’Espagnols et de Gascons ainsi que de quelques troupes allemandes et anglaises. Malheureusement, une erreur tactique allemande permettra une charge fatale de la cavalerie napolitaine qui percera l’infanterie bretonne. La bataille est perdue, la moitié de l’armée bretonne est décimée. À l’issue, La Trémoille fera décapiter les chevaliers prisonniers ; il épargnera cependant Louis d’Orléans, futur Louis XII et troisième mari d’Anne de Bretagne.

La situation militaire à la frontière au XVe siècle.

4. François Ier (1494-1547) force sa femme Claude (1499-1524), fille d’Anne de Bretagne, à contracter des actes, prémices du traité d’union en 1532 :

Avide de puissance, François Ier convoitait la Bretagne, et Claude de France, qui ne gouvernera jamais la Bretagne, céda l’usufruit du duché au roi en 1515. La même année, le roi obtenait d’elle un acte de donation à perpétuité au cas où il lui survivrait sans enfants. Ceci étant complètement contraire au traité de Nantes de 1499 entre Louis XII et Anne de Bretagne. La reine Claude, soumise au roi, signa tout ce que le roi François voulait. À la mort de Claude, c’est le Dauphin François III qui devient duc de Bretagne, mais François Ier reste tuteur du Dauphin et usufruitier du duché.

Claude de France
Claude de France.

5. Henri IV (1553-1610) à la reconquête de son royaume face au duc de Mercœur (1558-1602) qui songeait à rétablir la souveraineté du duché :

Henri III avait nommé gouverneur de Bretagne son beau-frère Philippe de Mercœur, de la maison de Lorraine, marié à une Bretonne, Marie de Luxembourg, lointaine descendante de la duchesse Jeanne de Penthièvre. Le duc de Mercœur, étant catholique, était réticent à l’idée d’un roi de France qui serait protestant. Il rejoignit alors la Ligue catholique et en devint le chef en Bretagne, alors même qu’Henri III l’avait destitué de ses fonctions de gouverneur, ce qui provoquera des révoltes. L’ambition du duc de Mercœur était de rétablir l’indépendance de la Bretagne et de devenir duc et prince souverain en tant qu’héritier des Penthièvre. Le projet était soutenu par le roi Philippe II d’Espagne, à la condition que ce soit sa fille, Isabelle d’Autriche qui monte sur le trône, ce qui était bien vu car celle-ci descendait d’Anne de Bretagne par Claude de France. Le roi Philippe II d’Espagne, qui soutenait et finançait la Ligue catholique, envoya des troupes en Bretagne. La Bretagne allait devenir à nouveau un champ de bataille, cette fois entre les alliés anglais de Henri IV et les alliés espagnols du duc de Mercœur.

Duc de Mercoeur
Philippe Emmanuel de Lorraine, Duc de Mercœur et de Penthièvre, Pair de France, Prince du Saint-Empire et de Martigues, et Gouverneur de Bretagne.

6. Louis XIV avec Colbert qui nous ruine, provocant la révolte du Papier timbré en 1675 et en représailles les pendaisons du duc de Chaulnes :

La Bretagne est ruinée par Colbert qui se moquait du traité d’union, pour lui la Bretagne était une colonie à exploiter au maximum. Il extorquait des dons gratuits exorbitants à la charge du peuple breton. Les députés récalcitrants des États de Bretagne furent emprisonnés : l’intérêt royal passait avant la faim des Bretons. La construction de bateaux de guerre a supprimé au peuple les droits sur le bois d’usage et de chauffage. Colbert supprima le droit de contestation au Parlement breton. La politique mercantiliste française altéra également le trafic international breton notamment sur le textile. En 1675, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, la fiscalité est dévorante, les Bretons ont vent que la gabelle (impôt sur le sel) serait introduite dans la province ; la colère populaire éclate. Des nobles se font lyncher, des bureaux du tabac, du timbre, des magasins et des maisons de commerçants sont pillés. Ceux qu’on appelle « Bonnets rouges » sont les insurgés qui ont pour chef le notaire Sebastian ar Balp, qui s’imposera comme maître du pays de Poher à l’été 1675. Alors qu’il avait rassemblé 30.000 paysans à Poullaouen pour le soulèvement général, le notaire fut trahi par le mari de son amie d’enfance, le marquis de Montgaillard, qui lui le tua de son épée. Comme la révolution n’avait pas eu lieu, le gouverneur de Bretagne, le Duc de Chaulnes, allait se venger. Il avait déjà fait pendre un bas-breton à qui l’on reprochait d’avoir fait sonner le tocsin en mai. Les insurgés (paysans, bourgeois, prêtres et juristes) furent arrêtés par les soldats français puis torturés, pendus aux arbres ou envoyés au galère.

Bonnets rouges 1675
La pendaison des insurgés bretons.

7. Louis XV (1710-1774) et le duc d’Aiguillon (1720-1788) contre le magistrat La Chalotais (1701-1785), figure d’opposition au despotisme royal :

En 1753, Louis XV nomma pour commandant en chef en Bretagne le duc d’Aiguillon. Pour ce dernier, le roi avait les mêmes droits en Bretagne que dans le reste du royaume. Pour être délivrés d’impôts indirects, les États de Bretagne conclurent avec le roi un marché : la Bretagne verserait au roi le montant capitalisé des taxes honnies et en serait affranchies à perpétuité. Le contrat spécifiait que les droits rachetés ne pourraient jamais être rétablis. Après avoir empoché l’argent, le roi rétablit les impôts qui devaient être supprimés à jamais ; les États protestèrent mais le roi avait besoin d’argent. Louis XV voulait contourner le traité de 1532 pour lever des taxes partout. C’est alors que se dressa le procureur général Caradeuc de La Chalotais. Il incarnait la résistance face aux abus du pouvoir, il critiqua l’administration du duc d’Aiguillon et sera durement réprimandé par le roi, ce qui indignera le Parlement. La Chalotais fut emprisonné, avec son fils et ses proches conseillers. Le duc d’Aiguillon dû alors constituer un nouveau Parlement, surnommé « Parlement-croupion ». La Chalotais dut reconnaitre d’avoir « cherché à exciter en Bretagne une fermentation dangereuse ». La Chalotais rédigea en prison un mémoire réfutant ses accusations et l’opinion publique prit fait et cause pour le magistrat breton, ce qui provoqua la fureur du roi de France. La Chalotais fut exilé à Saintes pendant un temps en 1767. Le duc d’Aiguillon faisait enregistrer des décisions qui n’étaient pas valablement prises, sans tenir compte des remontrances des États, toujours en violation du traité de 1532. Même son nouveau parlement fut indigné de ses propositions de règlements et le roi comprit enfin que le duc d’Aiguillon était la source des problèmes. Ce dernier démissionnera et le retour de La Chalotais fut accordé en 1775 par la demande du Parlement de Bretagne.

Louis-René Caradeuc de La Chalotais.

8. Louis XVI (1754-1793) et son administration pour la « Révolution de 1788 » :

Les idées nouvelles nous sont en partie parvenues par les exploits du marquis de La Rouërie et de La Fayette qui combattirent aux côtés des Américains dans leur lutte pour l’indépendance. En 1788, les finances du royaume de France sont dans un état déplorable. Necker, ministre des finances de Louis XVI, voulait que la Bretagne soit soumise au même système que les autres provinces. Les ministres Brienne et Lamoignon voulaient cantonner les pouvoirs du parlement et imposent des mesures judiciaires sans l’accord des États. En irrespect total des constitutions bretonnes et du traité d’union, furent institués à Rennes, Nantes et Quimper, des tribunaux qui jugeaient sans appel devant le Parlement de Bretagne. Des manifestations eurent lieu face à ces édits. Botherel du Plessis, procureur général syndic des États de Bretagne, alla porter au roi une protestation solennelle rappelant les clauses du contrat de mariage entre Anne de Bretagne et Louis XII. Mais le gouvernement faisait la sourde oreille et en mai l’enregistrement des édits est forcé malgré l’opposition. L’insurrection éclate le 2 juin. La foule acclame alors les magistrats et les forces de l’ordre de Bissy de Thiard capitulent. La noblesse alla porter un mémoire contre les édits à Louis XVI mais le gouvernement les fit enfermer à la Bastille le 14 juillet. En janvier 1789, des combats meurtriers éclatent à Rennes, c’est la « journée des bricoles ». Chateaubriand dira qu’elle vit couler les premières gouttes de sang de la Révolution française.

Le Parlement de Bretagne à Rennes.

.

On ne peut que constater que le royaume de France ne vaut pas mieux pour nous que la République française. La République ne fit que continuer le travail de destruction de l’identité bretonne entamé par la monarchie française depuis près d’un millénaire.

Bretons, si vous voulez utiliser les anciens drapeaux historiques bretons, ayez le respect de le faire pour la Bretagne et pas pour la France !

À tous les Bretons, réapprenez votre histoire !

.

Basti Kurun


Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s