Depuis la fin des années 1950, l’Etat français attribuaient à des pieds-noirs français rapatriés en Corse des terres à exploiter, au détriment des locaux. Ces derniers menaient des campagnes déloyales à l’encontre des producteurs de vin corses.
Le 21 août 1975, une équipe d’une trentaine de militants de l’Action régionaliste corse, dirigée par Edmond Simeoni, entrent, armés, dans la ferme d’Henri Depeille, un viticulteur pied-noir endetté d’Aléria suspecté d’être mêlé à ces scandales financiers.

Les militants prennent possession de la ferme et prennent en otages les occupants de la maison. Le ministre de l’intérieur, Michel Poniatowski, dépêche alors plus de 1200 policiers et gendarmes, plusieurs blindés et 6 hélicoptères sur place.

Les militants profitent alors de la tribune qui leur est offerte pour défendre leurs idées autonomistes : « Il y a (…) la volonté affirmée d’élargir la lutte pour la corsisation des emplois, la défense de l’identité culturelle et la charte de retour des exilés. »

Le lendemain, vendredi 22 août, affluent des Corses de toute l’île devant la médiatisation de l’affaire, pour soutenir les insurgés. À 16 heures, les forces de l’ordre lancent l’assaut de la ferme. Une courte fusillade éclate, lors de laquelle deux Français décèdent. Les militants corses ne déplorent eux qu’un blessé grave, Pierrot Susini, qui a le pied arraché.

Les manifestants, groupés derrière les policiers, tentent de forcer les barrages et entonnent l’hymne corse en soutient aux insurgés. L’ambiance est électrique, en cette chaude journée d’août. Les manifestants rassemblés finiront même par brûler la ferme du viticulteur crapuleux.
Après les combats, les autonomistes finissent par se rendre. Simeoni déclare : « J’ai fait mon devoir, je vais continuer à le faire, je n’ai pas l’intention de me dérober à mes responsabilités mais je suis sûr qu’aujourd’hui, un pas très grave dans l’escalade a été franchi. »

Alors que les insurgés corses sont jetés en prison, des émeutes éclatent à Bastia toute la nuit, un autre CRS y trouve la mort. Des slogans apparaissent sur les murs de l’île : « Corse 2 – France 0 ».

Simeoni, le leader de l’action, est finalement condamné à 5 ans de prison. Les autres militants sont eux aussi condamnés à plusieurs années de prison pour leur résistance. Le 27 août, l’Etat français dissout l’Action régionaliste corse. Loin d’éteindre les flammes du nationalisme corse, cette dissolution précipite la radicalisation du mouvement corse.
Ainsi, un peu moins d’un an plus tard, dans la nuit du 4 au 5 mai 1976, 22 déflagrations secouent la Corse et la côte provençale. 20.000 tracts signés FLNC sont laissés sur les lieux des attentats. Le Front de libération nationale corse vient de naître.
