« Tactiques pour sortir du marasme péninsulaire. », par Olier Mordrel

S’il y avait eu quelque potentiel de réaction nationale dans notre pays, un mouvement se serait formé, depuis 13 ans, autour de la Bretagne réelle, le M.O.B. aurait reçu l’adhésion des foules et même le CELIB sentant ses derrières assurés et une perspective pour Monsieur le Président de le redevenir, aurait montré les dents.

CELIB breton
Le CELIB en action

Nous en sommes loin. On peut même dire que le public breton se détourne avec un instinct infaillible de tout leader qui se révèle capable de faire avancer le bourricot. Il ne veut rien savoir de risques, de sacrifices, d’empoignades et il juge tout héroïsme dans cette voie, inutilement gâché, voir un tantinet ridicule. Les limogés réagissent de façon différente. Un Fouéré recommence tout seul, bel exemple d’obstination. Un Philipponneau s’adresse à un parti politique de Paris pour qu’il prenne en charge les intérêts du peuple breton, au nom d’une nouvelle conception de l’intérêt général.

Ce n’est pas la première fois que l’idée de s’en remettre au voisin est venue aux Bretons. Cadoudal qui, lui, avait pourtant le soutien populaire, comptait sur les Princes et, cent ans après lui, nos monarchistes comptaient sur Maurras, supposé fidèle dans le fond à ses amours félibréennes de jeunesse et sur l’Action Française, belle absurdité puisque celle-ci était passée avec armes et bagages au service de la déesse Nation. Il vint un jour, où en face d’eux, aux temps de vogue du Frente Popular, les militants bretons de gauche leur donnèrent la république avec la Bretagne Fédérale de Duhamel, Rickewaert et Marchal, qui n’étaient pas les derniers d’entre nous. Cela non plus n’a mené nulle part. On n’est sauvé que par soi-même, on n’est sauvé que par les siens.

Charles Maurras Provence
Charles Maurras resta coincé toute sa vie entre son amour de jeunesse pour sa patrie provençale et son amour de la France.

Dans son désir de sortir de l’impasse, le mouvement a fait des tentatives diverses par le passé, outre celles que nous venons de rappeler. Breiz Atao a fait profession de foi fédéraliste et cherché, sans les trouver, des alliés en France. Les milieux de la dite révolution nationale étaient fascisant et auraient inventé le jacobinisme s’il n’avait pas existé. Seuls ont répondu les représentants des minorités nationales, tous aussi miteux que nous, sauf les Alsaciens, qui depuis sont devenus miteux à leur tour.

Gwenn-ha-Du, qui avait fort bien assimilé la conjoncture, s’est résolu très vite à miser sur une intervention extérieure, partant du principe que les ennemis de nos ennemis sont nos amis, un adage qui ne s’est pas toujours vérifié à l’épreuve. Mais, en 1939, c’était ça ou notre démission de l’histoire.

Le Comité Breton, que j’avais fondé en Février 1945, à une encablure de la frontière suisse qui nous restait fermée comme une huitre, avait accepté la proposition de Jacques Doriot, chef du gouvernement français en exil et gagné aux idées dans Stur de réaliser l’autonomie de la Bretagne, sous ma seule autorité, dans le cadre d’une France progressivement fédéralisée. C’était l’unique réponse aux Allemands qui n’avaient pas hésité à nous brader en échange d’un plus qu’hypothétique retournement des Français d’obédience Vichyssoise en leur faveur. Encore une nouvelle démonstration du peu que nous attendions de la population bretonne retrouvée, au cas où les armes secrètes seraient sorties à temps de leurs cavernes.

Jacques Doriot
Jacques Doriot fut, à sa manière, un ami du nationalisme breton

Depuis la guerre, ce qui s’est retrouvé du mouvement, a essayé de se refaire une virginité en hurlant avec les loups. Pendant vingt ans. En pure perte. Malgré le sang versé en Lybie, sur le Rhin, dans la Résistance. Inutile réédition de la vieille palinodie régionaliste. Tandis qu’en vingt ans, Breiz Atao s’était constitué en facteur politique et avait mis la Bretagne au bord de l’indépendance.

La récente Union Démocratique Bretonne, qui a été le plus loin dans le concours de rétropédalage, est la fraction du “stationnement” qui se montre la plus découragée (de son propre aveu, mais cela est aussi un indice précieux du besoin général d’examen de conscience). Moralité – déjà servie il y a quarante ans aux régionalistes de l’ordre pérenne de la Brosse à Reluire – ce n’est pas en désertant le combat qu’on le gagne. Ou bien : ce n’est pas en se déguisant en loup que l’agneau trompe iceluy, etc.

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Olier Mordrel

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Retrouvez l’article dans son intégralité ici : http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/gouren/cle_19_15_mars_2016/Revision_du_Nationalisme_Breton_.pdf

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