L’héritage breton dans le Sud de la Loire.

L’appartenance du pays de Retz et du Vignoble nantais à la nation bretonne ne fait aucun doute depuis plus d’un millénaire. Il est cependant légitime de se demander si cette région est peuplée de Poitevins annexés par l’Etat breton ou si elle est une région bretonne à part entière ?

Tout d’abord, il est bon de rappeler qu’on trouve dans le pays Nantais un certain nombre de toponymes issus du vieux breton, la forme de breton parlée avant le XIe siècle, ce qui témoigne d’une implantation très ancienne du breton dans cette région. Si la majeure partie des toponymes bretons du pays Nantais se trouvent au Nord de la Loire, on en trouve quand même quelques-uns au Sud comme le prouve la récente étude de Bertrand Luçon (1).

Carte noms bretons Loire Atlantique
La toponymie bretonne en Pays Nantais

On peut donc aisément imaginer que les colons bretons des IVe et Ve siècles se sont installés sur les bords de la Loire et qu’ils ne se sont pas arrêtés à l’Ouest de la Péninsule comme on le dit trop souvent, ce que prouvent les nombreux toponymes bretons au Nord et au Sud de la Loire dans le Pays Nantais.

On sait aussi que les paroisses fondées par les Bretons étaient désignées par le terme “plebs” ou “condita plebs” à l’inverse des paroisses fondées par les Francs qu’on appelait généralement “condita” ou “vicaria”. Or on trouve des “plebs” dans tout le Pays Nantais, Orvault, Ancenis, ou même Arthon-en-Retz au Sud de la Loire. Aussi, le port de Paimboeuf fut fondé au début du VIe siècle sur une île de la Loire en forme de tête de vache, et cette particularité est à l’origine de son nom. En effet “Paimboeuf” serait à rapprocher de penn bu, penn buoc’h en breton moderne, soit “la pointe / la tête de la vache”.

Paimboeuf
Paimboeuf, « la tête de la vache »

De plus, les historiens nous transmettent le souvenir de deux grandes figures bretonnes dans la zone au Ve siècle. Tout d’abord un certain Riothim, “Roi des Bretons de la Loire”, qui leva une armée importante de plusieurs milliers d’hommes sur les rives de la Loire. On peut donc imaginer qu’il y avait une population bretonne significative dans la zone. Ensuite, on trouve mention d’un Gourmalon au nom significativement breton (“l’homme aux sourcils bruns”) qui fonde la ville de Pornic à la fin du Ve siècle puis un Evêché à Rezé au début du VIe siècle, évêché qui aura pour premier évêque un breton du nom d’Astels (2).

Enfin, on se rappellera à profit que l’empereur Honorius avait installé des garnisons à Gétigné, Cugand, Clisson, Boussay, Legé, Bois de Céné, Saint-Etienne du Bois et Tiffauges en 408 pour empêcher la progression des Bretons à l’Est

Garnison romaine Bretagne
Les garnisons romaines se situaient aux portes de la Bretagne.

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Il apparaît ainsi très clairement que le Sud de la Loire n’est pas seulement breton par l’histoire, mais qu’il l’est aussi largement par l’héritage ethno-culturel !

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Neven ar Ruz

  1. Bertrand Luçon, Noms De Lieux Bretons Du Pays Nantais, Yoran Embanner, 2016
  2. Dalc’homp soñj, n°7, 1984

4 réflexions sur “L’héritage breton dans le Sud de la Loire.

    1. pour répondre à 241046PARIS : mais c’est normal puisque tout le département actuel de Loire-Atlantique faisait partie jusqu’en 1789 des Etats de Bretagne . ici l’auteur parle d’elements ethno culturels et ça c’est autre chose …..

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