Hier, 14 février, se tenaient les élections au Parlement de Catalogne, qui ont vu une nette progression des indépendantistes catalans, malgré une participation en forte baisse (à peine 53,54% des électeurs, soit ⅓ de moins qu’à la dernière).
Ce qui frappe d’abord, c’est l’importante diversité des partis et des courants représentés à l’élection. En terme de nombre de voix, c’est le Parti des socialistes de Catalogne (PSC) qui arrive en tête, un parti social-démocrate, fédéraliste, mais favorable à l’unité de l’Espagne, avec 23,04% des voix. Viennent derrière les deux grands mouvements indépendantistes : la Gauche république de Catalogne (ERC), mouvement social-démocrate et indépendantiste, avec 21,30% des voix, suivi de près par Junts, parti de centre droit indépendantiste catalan, dirigé par le fameux Carles Puigdemont, avec 20,04% des voix. Aux rangs des indépendantistes s’ajoute le parti d’extrême-gauche Candidature d’unité populaire (CUP) avec 6,67% des voix. En tout, les indépendantistes représentent donc près de 50% des électeurs.
Du côté des unionistes, en dehors du PSC, vient le parti unioniste libéral-conservateur et “néo-franquiste” Vox, localement dirigé par Ignacio Garriga, un hispano-équato-guinéen (ça ne s’invente pas), avec 7,69% des voix. Le thème principal de la campagne de Vox en Catalogne était la lutte contre l’indépendantisme, opinion que le parti se propose tout simplement d’interdire. C’est sans surprise que l’on apprend que le parti Vox fait d’excellents scores chez les immigrés espagnols et qu’il est à l’inverse quasi inexistant dans la Catalogne périphérique (1).

Pas très loin derrière se place le parti libéral et unioniste Ciudadanos (Cs) avec 5,57% des voix. À noter aussi la présence d’une branche locale issue de Podemos, En Comu Podem (ECP), parti social-démocrate et écologiste, qui propose pour la Catalogne un droit à l’autodétermination et donc potentiellement à l’indépendance.
Ces élections témoignent donc d’un ancrage toujours plus fort de l’indépendantisme en Catalogne. Nous, nationalistes bretons, nous réjouissons du succès des indépendantistes catalans aux dernières élections et souhaitons de tout notre cœur que la Catalogne se sépare de l’Espagne. L’émancipation de la Catalogne enverrait en effet un signal très fort aux nationalistes ethniques d’Europe. Et à tous ceux qui s’étranglent du prétendu “gauchisme” des indépendantistes catalans, nous rappellerons que Quim Torra, président de la généralité de Catalogne entre mai 2018 et septembre 2020, était un admirateur de l’Estat Catalá (mouvement catalan de l’entre-deux-guerres, assez proche de ce que fut Breiz Atao) et qu’il fut présenté par le directeur d’un grand journal espagnol comme un “un homme intellectuellement imprégné de l’esprit des années 1930, un nationalisme de droite, agressif”. Nous, nous préférons voir des Quim Torra à la présidence de la généralité de Catalogne que des hispano-équato-africains à 7%.
Neven ar Ruz, pour Barr-Avel
Justement, le Catalan de droite Quim Torra a été mis sur la touche par le gouvernement central et la gauche catalane ; Puigdemont, pour garder la main, s’est éloigné de cette droite catalane, ce qui ne l’a pas empêché d’arriver derrière les Républicains catalans, qui pourraient bien le trahir en pactisant avec les Socialistes et l’extrême-gauche au gouvernement (c’est leur logiciel, ils l’avaient déjà fait en 2003 et 2006 quand la gauche était majoritaire, or elle l’est de nouveau).
Autrement dit on n’échappe pas aux tendances de fond de la société. Le nouveau paysage politique espagnol traduit une perte des repères moraux traditionnels similaire à l’Occident.
Le progressisme domine outrageusement la Catalogne, au point que la classe médiatico-politique maudit l’antique Pujol (23 ans au pouvoir). Et ce métis qui en dit long sur le niveau puéril du débat et le désespoir encore inexprimé du petit peuple sommé de se conformer aux codes cosmopolites barcelonais, et qui en est réduit à faire de l’ironie.
Finalement la question catalane n’était peut-être que le dernier repère moral, avec laquelle la gauche n’aura fait que temporiser. La droite catalane domine encore l’arrière-pays mais celui-ci pèse bien peu face à Barcelone, ville-monde où le catalanisme n’est bientôt plus qu’une identité, une griffe, permettant de mieux communiquer auprès des autres ville-monde. Et de mieux embringuer le peuple dans ses délires.
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