Les récits très fantaisistes que les histoires de France scolaires consacrent aux Celtes anciens les représentent comme des Barbares, à qui les Romains apportèrent la civilisation. La vérité est toute autre. La société celtique était, sous certains rapports, d’une élévation supérieure à la société antique, ainsi que le montre le respect dont elle entourait la femme et le rôle de premier plan qu’elle lui faisait jouer.
Chez les Celtes, « la femme était l’objet d’une initiation, d’un enseignement spécial, qui en faisaient un être presque divin, la fée protectrice, le génie du foyer, la gardienne des sources de la vie. C’est à cette compréhension du rôle de la femme, personnifiant en elle la nature, avec ses intuitions profondes, ses sensations subtiles, ses divinations mystérieuses, que sont dues la beauté, la force, la grandeur épique de la race celtique. »
« Les femmes prenaient place aux conseils, exerçaient les fonctions sacerdotales, étaient voyantes et prophétesses. Elles disposaient d’elles-mêmes et choisissaient leurs époux » (1)
Le témoignage de César n’est pas moins net : « Autant le mari reçoit d’argent de l’épouse à titre de dot, autant, estimation faite, il en joint à cette dot de son propre bien. Tout cette somme s’administre conjointement. »
Les Romains ne connaissaient rien d’aussi honorable et d’aussi intime. Il n’est jusqu’aux usages de la société française moderne qui ne soient inférieurs du point de vue de la dignité féminine à ceux de nos lointains ancêtres.
Les lois bretonnes du Pays de Galles nous montrent, plus tard, que la femme était chez les Bretons insulaires l’associée de son époux : « La femme, disent-elles, sera selon la dignité de son époux, du jour où elle lui aura été accordée. ».
Chez les Bretons Armoricains, nos ancêtres directs, la loi salique n’est pas observée, alors qu’elle règle le régime de tous les héritages en France.
« Dans la constitution de la famille, la femme apparaît l’égale de l’homme. La coutume bretonne en Armorique nous paraît ici plus près de l’ancien droit celtique qu’en Galles même. La femme peut être machtiern (chef civile et militaire du clan). Elle peut représenter le roi. Aourken, femme du machtiern Iarnhitin, joue en présence de son mari, en Ploicatoc (Pleucadeuc aujourd’hui), le rôle de vice-legati du roi Salomon. Les femmes vendent et achètent du vivant de leur mari et sans qu’il soit parlé de leur permission ou de leur assentiment… » (2)

La Française moderne est moins avancée…
D’ailleurs, ne sont-ce pas les Bretons qui ont fait entrer la femme dans la littérature européenne avec les mythes illustres d’Iseult et de Viviane ?
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(1) Maurice Denis
(2) Joseph Loth