« Que nos idées déplaisent à la masse amorphe et à un certain nombre de régionalistes, je le concède. Nous sommes pour eux des trouble-fête. N’avons-nous pas allumé dernièrement cet incendie qui consumait la presse bretonne et n’avons-nous pas vu, à cette occasion, les Bretons d’hier, laissez-moi dire nos maîtres, faire cause commune avec tout ce qu’on peut trouver de crapules françaises et de bâtards bretons-français pour nous damner, nous vilipender et nous trahir. Les premiers, il y a encore deux ans, auraient brûlé la France et, par scrupule patriotique, ne se seraient pas servis de ses cendres pour fumer leur lande ; les seconds sont la lie du journalisme interlope que l’Europe envie à la République Française, et dont celle-ci nous gratifie et nous pourvoit abondamment en même temps que de fonctionnaires méridionaux et de mouchards patentés.

On a tout fait pour nous abattre. Ceux-là mêmes qui nous ont montré le chemin, et dont nous avons trop bien suivi les leçons, n’ont pas craint, par la suite, de nous abandonner ; ceux qui ont fourni à notre esprit et à notre intelligence une culture séparatiste n’ont point compris que nous proclamions des idées qui, au fond, sont les leurs, mais qu’ils craignaient de soutenir ouvertement, pour ne pas «se compromettre », ou dont ils tenaient peut-être à se réserver le monopole.

(…) Ce titre de Nationalistes, nous n’en revendiquons pas le monopole. D’autres se disent « nationalistes », qui ne sont pas séparatistes. Leur interprétation est évidemment défectueuse, car le nationalisme breton implique nécessairement la tendance séparatiste. Il ne peut y avoir, à proprement parler, de nation sans l’autonomie politique ou, tout au moins, sans une profonde aspiration vers cette autonomie. »

Louis-Napoléon Le Roux, « Pour le séparatisme », 1911